Kurz davor ist es passiert

Société, Autriche 2006

KURZ DAVOR IST ES PASSIERT est une réflexion artistique sur le phénomène mondial de la traite des femmes. Anja Salomonowitz a choisi une approche inhabituelle du sujet : son film se base sur des récits réels de femmes victimes de la traite, à partir desquels la réalisatrice a élaboré un scénario documentaire. Les histoires ne sont pas racontées par les victimes elles-mêmes, ni par des acteurs, mais par des personnes qui pourraient avoir un lien avec les événements et les lieux du film : un douanier, une villageoise, un serveur de bordel, une diplomate et un chauffeur de taxi. La traite des femmes ne se déroule pas seulement dans les régions sombres de ce monde, mais ici, dans notre ville, et sous nos yeux. Anja Salomonowitz écrit à propos de son film : « J'ai une maladie sexuellement transmissible. Je ne peux pas aller chez le médecin parce que je n'ai pas d'assurance. Je suis tombée amoureuse d'un des hommes qui me retiennent prisonnière. Il est maintenant mon ami. Il dit qu'il va s'enfuir avec moi. Il fait exprès de me contaminer, comme ça il peut aller chez le médecin pour nous deux. Car nous partagerons alors les médicaments ». La problématique était pour moi de savoir comment raconter ces histoires brutales de manière à ce que l'arrière-plan structurel passe au premier plan et qu'elles n'apparaissent plus comme une fatalité. Pour dire que la femme concernée n'est pas folle de contaminer son petit ami, mais qu'elle y est justement contrainte - par un système dans lequel elle ne peut pas obtenir d'assurance maladie. Les histoires de traite des femmes sont généralement racontées dans les médias avec une barre noire devant le visage. Une femme est assise dans l'image, elle pleure. On produit un schéma habituel : la pauvre victime dans le film et le spectateur qui éprouve de la compassion. Mais ce dont les femmes concernées ont besoin, ce n'est pas de pitié - ce sont des droits, pour que ces histoires ne leur arrivent même pas. Les images que je montre dans « Juste avant, c'est arrivé » pour illustrer les histoires des femmes sont tirées du quotidien des personnes qui racontent ces histoires. Pas de porte-jarretelles, pas de fesses nues. Je voulais délibérément montrer d'autres images - et refuser l'illustration habituelle des histoires. Je m'interroge sur une approche documentaire : Dans quelle mesure le ou la victime doit-elle raconter elle-même son destin ? Que se passe-t-il si je romps l'accord habituel avec le spectateur sur qui peut raconter quoi à qui ? Deux réalités de vie s'affrontent violemment. Pour moi, les structures de pouvoir sont ainsi mises à nu de manière perceptible et percutante dans « Kurz davor ist es passiert ». Deux films sont ainsi réalisés simultanément : celui que l'on voit et celui que l'on entend et que l'on imagine. Les pensées que l'on se fait sur les histoires racontées, les images que l'on imagine, constituent l'intrigue principale. Quelque chose que l'on ne voit pas à l'écran. C'est comme dans la vraie vie, car ces femmes et leurs histoires sont exclues de la conscience sociale.
73 min
SD
À partir de 16 ans
Audio :
Allemand
Sous-titres :
Anglais

Récompenses

Berlin International Film Festival 2007 Prix Caligari
Cinéma du réel Paris Mention spécial, Jury des bibliothèques
Viennale 2006 Prix Vienne du Film

Plus d'informations

Réalisation :

Anja Salomonowitz

Scénario :

Anja Salomonowitz

Photographie :

Jo Molitoris

Titre original :

Kurz davor ist es passiert

Langue originale :

Allemand

Format :

16:9 SD, Couleurs

Catégorie d'âge :

À partir de 16 ans

Audio :

Allemand

Sous-titres :

Anglais